Comment peut-on encore, en 2009, voyager en train sans avoir le bon sens de se munir d'un ordinateur portable ? Je me pose cette question quand, une fois achevé le trop facile sudoku de Libé, je me retrouve contraint à contempler les vaches sarthoises et les éoliennes beauceronnes. Et dire que j'ai plein d'idées pour alimenter mon blog avec un nouveau billet d'une rare pertinence ! Soudain, je me rends compte que, à défaut de technologie poussée, j'ai sous la main papier et crayon qui me permettent aussi d'écrire. C'est donc (presque) en direct du TGV 8828 que je vous livre mes pensées du jour.
Cela faisait longtemps que je n'avais acheté Libé. En fait, ça doit dater de mon dernier voyage en train entrepris avant l'heure de parution du Monde. Je ne regrette pas ma lecture du jour ; deux articles m'ont particulièrement interpellé.
En haut de la page 10, une brève nous annonce la nomination officielle de Charles Aznavour
comme ambassadeur d'Arménie en Suisse. Immédiatement, je me demande qui sera le premier contributeur à ajouter [[Catégorie:Diplomate arménien]] sur l'article du chanteur-acteur franco-helvético-arménien. Je me demande aussi si l'information sera correctement sourcée : c'est-à-dire par la référence à l'arrêté officiel et pas par un lien vers un article de journal ou une dépêche AFP (voire, pire, par un lien vers Wikinouvelles, le site qui est à l'information récente ce que la musique militaire est à la médecine).
Je me dis aussi que lors d'une visite à Berne l'été dernier, Mme la Présidente eût été mieux inspirée de prendre en photo l'ambassade d'Arménie en Suisse plutôt que celle du voisin. Avoir Aznavour comme locataire, ça vous fait clairement entrer votre ambassade dans les critères
Page 32, c'est Christian Paul qui fait la der'. « Dopé par l'Hadopi » : on voit bien quel lectorat vise l'ancien canard de July avec ce titre. Je tombe évidemment dans le panneau en bon cyber-bobo trentenaire vaguement libertaire. Le portrait est ma foi agréable à lire et on est bien content de savoir que M. Paul aime l'opéra et l'art contemporain et qu'il ne se fait guère d'illusion sur le caractère légal des cyber-activités de ses enfants.
Contrairement à d'autres parlementaires, on pressent que le député de la Nièvre connait bien le sujet. On pressent seulement parce que quand on lit Libé, on est forcément anti-Hadopi et les arguments de l'ancien secrétaire d'État à l'Outre-mer ne sont pas très développés. Tous les lecteurs occasionnels de Libé ne sont pas forcément des acharnés de Vendredi et/ou des habitants de la blogosphère. Comment ne pas être dubitatif quand on voit que des esprits vifs comme Patrice Chéreau ou Juliette Gréco défendent avec vigueur cette loi désormais honnie par les élus de gauche ?
En fin d'interview, deux phrases s'entrechoquent : « [...] on ne fera pas du neuf avec de l'ancien. Demandez à Susan Boyle si elle regrette l'existence d'Internet. » Primo, malgré le talent que l'on peut deviner grâce à la fameuse vidéo de YouTube, je ne pense pas que Miss Boyle soit l'archétype de la modernité. Secondo, un buzz n'existe vraiment que s'il quitte la sphère d'Internet ; Suzan n'aurait jamais été aussi connue si son histoire n'avait été reprise par les journaux papiers et la presse audio-visuelle.
Bon, on arrive à Montparnasse ; je me déconnecte.
3 commentaires:
Tu te déconnectes de ton papier/crayon ? :)
« je me demande aussi si l'information sera correctement sourcée : c'est-à-dire par la référence à l'arrêté officiel et pas par un lien vers un article de journal ou une dépêche AFP »Un arrêté officiel, c'est un peu primaire comme source, ça, non ?
Pour Susan Boyle, les médias traditionnels ont été d'une aide précieuse.
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